Vous le reconnaîtrez à ce signe : un nouveau né emmailloté, couché dans une mangeoire !
Ce signe pour les bergers... pour Nous encore, ici, le même, parce que Jésus, en son humanité, nous dit quelque chose de définitif. Les années ont pu passer. La vie publique est arrivée, et finalement cet autre emmaillotement dans son linceul, et cette autre couche dans le froid du sépulcre… à y regarder de près, le signe reste le même.
La merveille de Dieu pour nous, la merveille de l’homme pour Dieu, c’est ce petit enfant emmailloté, couché, lié, livré, abandonné !
[…] Et voilà précisément que sur ce berceau d’un nouveau-né, tout abandonné, est proclamée la Bonne Nouvelle de la paix pour les hommes que Dieu aime, les hommes de sa bienveillance, de son bon vouloir ! Paix aux hommes qui s’abandonnent à l’amour de Dieu à la façon de Celui-là, « le Fils de complaisance ».
Cela veut dire :
que l’humanité a désormais un visage pour Dieu, celui de ce tout petit enfant, si dépendant en tout, et librement offert pour le demeurer – stade spirituel qui ne saurait être dépassé ; celui où l’Esprit peut nous murmurer sans aucune retenue : Abba ! Père ! […]
que Dieu prend aussi un autre visage pour l’homme : non plus le Tout-Puissant qui s’impose de haut, de loin, mais ce Dieu qui s’abandonne, faible, dépendant, livré au bon vouloir d’une mère, d’une famille, et aussi aux caprices d’un peuple. En Dieu, le Fils n’est que cela entre les mains du Père. Et c’est cela qu’il vient vivre entre nos mains… pour que nous entrions en correspondance de cœur avec Dieu par la petite voie de Noël, celle de l’abandon amoureux au quotidien de l’Éternel… une petite voie pour nous, ici, maintenant !
F. Christian, extraits de l'homélie pour la messe de minuit, le 24 décembre 1994